ORAN-ARZEW

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ORAN-ARZEW

Malgré un passé urbain reconnu (25 000 hab. au XVIe siècle mais seulement 9 000 en 1830), Oran doit au capitalisme colonial son essor économique et démographique (275 000 hab. en 1954) et l’assise de ses fonctions régionales. Nœud de convergence d’un réseau de communications dense et principal port de l’Ouest, elle drainait l’essentiel des produits destinés à l’exportation (vin, agrumes, alfa, etc.) et jouissait du monopole quasi exclusif de la distribution des marchandises importées, d’une part pour les besoins d’une industrie qu’elle concentrait et de l’agriculture mécanisée et, d’autre part, pour sa propre consommation et celle des autres villes. En 1954, c’est la ville la plus européenne d’Algérie (63 p. 100 des Oranais sont des Européens), mais l’exode rural y conduisait déjà de forts contingents d’Algériens entassés dans des quartiers marginaux ou des bidonvilles misérables. La guerre allait accélérer cet afflux. À l’indépendance, la ville, privée de l’essentiel de ses revenus fonciers et victime du recul des activités de production et d’échanges, sombrait dans une crise qu’aggravait l’accumulation du chômage rural mais maintenait sa domination régionale sur un arrière-pays sous-équipé et en proie à un sous-emploi chronique.

Les profondes mutations intervenues depuis lors sont d’abord le fait de l’accumulation massive de capital industriel aussi bien dans la ville que dans la bande littorale qui s’étire de Mers-el-Kebir à Arzew-Bethioua. Le capital privé a investi dans des industries de consommation implantées à Oran et à sa périphérie, créant près de 10 000 emplois dans 380 unités de plus de 10 salariés. L’État a rénové et agrandi les usines préexistantes mais a surtout créé de nouvelles zones industrielles (Z.I.). La Z.I. d’Arzew-Bethioua s’étend sur 2 000 hectares et emploie près de 15 000 salariés dans treize complexes et unités de production liés aux hydrocarbures: raffinage, liquéfaction de gaz, engrais azotés, méthanol et résines synthétiques, plusieurs unités de réalisation et de services et des centres de formation. Elle rassemblait, au début des années 1990, près de 30 milliards de dinars algériens d’investissements, contribuant pour près du tiers au revenu national. En 1992, son port pétrolier (Arzew) et son port gazier (Bethioua) assuraient 48 p. 100 des exportations algériennes d’hydrocarbures et 44 p. 100 du seul trafic portuaire (40,2 millions de tonnes). Avec un trafic annuel stable autour de 2,6 millions de tonnes, le port d’Oran est désormais réservé exclusivement à l’importation. Alors que la Z.I. de Hassi-Ameur (315 ha et 2 000 emplois) se spécialisait dans les industries de la construction (charpente métallique, éléments préfabriqués, etc.), celle d’Essenia devenait la zone extra-portuaire pour une métropole régionale dont les activités se diversifiaient en raison même de la diffusion du fait industriel dans l’intérieur et recevait également les unités privées exclues de la ville; Oran fonctionnait alors comme réservoir de main-d’œuvre, bénéficiant ainsi de substantiels revenus salariaux, rôle favorisé dans un premier temps par la médiocrité des structures d’accueil à Arzew. Des mouvements quotidiens d’hommes et de marchandises de grande ampleur imposaient le développement d’infrastructures autoroutières.

Activités de production, logements et échanges internes ont généré une véritable aire métropolitaine qui préfigure une région urbaine. Celle-ci reçoit les apports démographiques dus au desserrement de la ville d’Oran (683 000 hab. en 1994) qui ne s’est accrue, la baisse de la fécondité aidant, que de 2 p. 100 par an entre 1977 et 1994, contre 4,2 p. 100 au cours de la décennie 1967-1977 malgré 12 000 nouveaux logements. À l’inverse, Arzew (40 000 hab.), Gdyel (20 000 hab.) et les agglomérations de la commune de Bir-el-Djir maintiennent un rythme élevé de croissance, supérieur à 6 p. 100, qu’accompagne une extension spatiale conséquente: habitat collectif, lotissements aisés et moyens, habitat populaire semi-urbain.

Cette poussée d’urbanisation n’entraîne toutefois pas un mitage des espaces ruraux environnants; ceux-ci souffraient au départ de difficultés qui, si elles se sont accrues du fait de la croissance urbaine et de l’industrialisation (prélèvement de terres, d’eau et d’hommes), n’en trouvent pas moins leurs causes dans de fortes contraintes naturelles: semi-aridité, ressources hydriques médiocres, bons terroirs limités par l’extension du salant, de la croûte calcaire et de bassins fermés (grande sebkha d’Oran, salines d’Arzew...) et, corrélativement, dans la reconversion extrêmement difficile d’une agriculture à l’origine exagérément spécialisée et extravertie.

Malgré l’émergence de pôles régionaux intérieurs et la centralisation du pouvoir de décision par Alger, l’agglomération oranaise demeure la véritable capitale de l’Ouest algérien. La crise des années 1980 et ses prolongements l’ont durement éprouvée (régression de l’activité et de l’emploi industriels, recrudescence du chômage officiel), et la libéralisation la fait renouer avec sa fonction spéculative d’import-export largement préparée par le trabendo (marché informel).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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